J'ai écrit la première édition de Shaan en Mauritanie et je l'ai testé auprès de mon entourage : des toubab (c’est comme cela que les blancs sont appelés en Afrique, enfin, c’était le cas il y a une quinzaine d’années, ce n’est peut être plus valable aujourd’hui) et surtout des mauritaniens.
Pour l’anecdote, l’un de mes amis, Tourat, avait choisi de jouer un Darken, guerrier et magicien. Il paraissait très sûr de lui quand au choix de son profil et de ses compétences. Il me donnait toutes sortes de détails très précis et pittoresques sur le background de son perso, alors qu’il n’avait jamais joué à un jeu de rôle de sa vie… Je lui demandai d’où lui venaient toutes ces idées et il me répondit qu’en fait il ne faisait que décrire son grand père, qui effectivement était un guerrier magicien célèbre et très puissant. Un abîme de perplexité s’ouvrit alors à mes pieds. Cet univers fantastique et de science fantasy, pour le petit occidental que j’étais, semblait pour mon ami totalement contemporain.
Encore plus fort : baigné par une tradition orale depuis tout petit, Tourat était très réceptif à ce que nous lui racontions lors de nos parties et trouvait tout à fait naturel de nous expliquer ce que faisait son personnage. Pendant une demi heure, il nous a décrit les techniques de chasse de son Darken et comment il cuisinait le gombo : un légume courant en Afrique, mais qui dans ces circonstances ludiques prenait des allures d’aliment magique… Il nous avait transporté. Nous n’étions plus en Afrique mais sur Héos, avec un habitant qui partageait avec nous une recette traditionnelle. De ma petite vie de rôliste, je n’ai jamais vécu de parties aussi intenses. Souvent je rêve de retourner en Afrique juste pour faire du jeu de rôle…
Voilà, au suivant 
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